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Anomalies osseuses et cancer bronchique

Posté le 20/12/2010 Par Le Pr Gilbert FERRETTI

LE CAS

Un homme, âgé de 57 ans, est traité par chimiothérapie conventionnelle pour un adénocarcinome pulmonaire primitif du lobe supérieur gauche accompagné de métastases ganglionnaires controlatérales et pleurales gauches (stade IV). Après l'introduction d'un inhibiteur de tyrosine kinase (ITK), le scanner de contrôle montre l'apparition de nouvelles lésions osseuses asymptomatiques (figures 1 et 2).

 

Dans ce cas, les lésions osseuses touchent principalement le bassin et les vertèbres ; elles sont ostéocondensantes compte tenu de l'augmentation de densité de la trame osseuse. Aucun tassement vertébral n'est visualisé.

De 30 à 40 % des patients présentant un cancer bronchique à non petites cellules (CBNPC) développent des métastases osseuses au cours de leur maladie. Elles peuvent prendre différents aspects radiologiques en fonction du type de modification de la trame osseuse : ostéolytique, ostéocondensante ou mixte. Classiquement, la majorité des métastases de CBNPC sont ostéolytiques. L'apparition de lésions ostéocondensantes chez des patients traités par des inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) de l'Epidermal Growth Factor Receptor (EGFR), tels que l'erlotinib ou le géfitinib, a été rapportée récemment (1, 2). Cette occurrence survient alors que les autres sites tumoraux sont stabilisés ou en rémission et peut faire conclure, à tort, à une progression tumorale (1). Elle met en défaut l'évaluation selon les RECIST (Response Evaluation Criteria In Solid Tumors)[2]. Une hyperfixation osseuse du fluorodeoxyglucose (FDG) lors d'une scintigraphie a également été rapportée alors que les sites extra-osseux voient leur fixation régresser du fait de l'efficacité du traitement par bévacizumab (3). Les plages d'ostéocondensation surviennent dans des zones déjà connues pour être le siège de lésions métastatiques osseuses lytiques ou mixtes et, dans certains cas, dans de nouveaux territoires apparemment indemnes antérieurement. Une publication récente a montré que l'apparition de ces lésions ostéocondensantes est généralement associée à un meilleur pronostic et serait corrélée à des mutations de l'EGFR (2). Cette évolution paradoxale témoigne de l'augmentation de la quantité et/ou de la densité des lésions osseuses en raison de la réparation rapide et de l'intense réaction ostéoblastique de l'os métastatique répondant au traitement par ITK de l'EGRF (3). L'apparition de ces lésions ostéocondensantes sous traitement, alors que les lésions extra-osseuses sont stables ou en régression, ne doit pas faire considérer le patient en progression (1-4).
    

 

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