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Sécheresse oculaire post-ménopausique

Posté le 04/12/2014 - Dr Gaëlle HO WANG YIN

LE CAS

Une patiente, âgée de 63 ans, consulte pour un renouvellement de lunettes. Au cours de l’interrogatoire, elle nous révèle qu’elle souffre, depuis une dizaine d’années, de prurit, de sensation de grains de sable et de larmoiements lors des périodes de mistral.

Dans ses antécédents, on note uniquement une hypercholestérolémie. Il n’existe pas de notion d’allergie ou d’atopie, ni d’antécédents familiaux. La patiente ne porte pas de lentilles et ne prend pas de médicaments. Il n’existe pas de symptômes extraoculaires. Les symptômes sont apparus à la ménopause.

L’acuité visuelle est de 10/10 corrigée P2 add + 2,50 de façon bilatérale. L’examen à la lampe à fente permet d’observer un segment antérieur normal. Le test à la fluorescéine révèle un break-up time (BUT) abaissé à 5 secondes à droite et à 4 secondes à gauche. Une kératite ponctuée superficielle, inférieure et bilatérale est également retrouvée. 

Figure 1. Rupture du film lacrymal.
Figure 2. Kératite ponctuée superficielle, inférieure. 
La sécheresse oculaire est un motif fréquent de consultation, et il s’agit probablement de la cause la plus fréquente de kératite ponctuée superficielle après 60 ans.

Devant un syndrome sec oculaire, un interrogatoire poussé, recherchant des causes extraophtalmologiques, est nécessaire. Un questionnaire de qualité de vie peut également être utile au suivi des patients (questionnaire de McMonnies, indice des maladies de la surface oculaire [OSDI©, Ocular Surface Disease Index]). L’exploration du syndrome sec oculaire doit être la plus complète possible et doit comprendre, au minimum :
• une évaluation qualitative du film lacrymal (BUT = temps de rupture du film lacrymal, anormal en dessous de 10 secondes) ;
• une évaluation quantitative (par exemple, test de Schirmer lu à 5 minutes, franchement pathologique en dessous de 5 mm).

L’utilisation de colorants vitaux permet d’évaluer la surface oculaire (test à la fluorescéine, vert de lissamine). Afin de confirmer objectivement le syndrome sec, on peut s’aider du TearLab©, qui permet de vérifier l’hyperosmolarité des larmes. Le seuil de 312 mOsm/l a été retenu comme étant celui qui offre les meilleures sensibilité et spécificité pour détecter une sécheresse oculaire. La recherche de signes cliniques associés (allergie, blépharite, etc.) est nécessaire.

La prise en charge doit être globale et comprend avant tout le contrôle des facteurs aggravants (atmosphère humide, traitement d’une allergie ou d’une blépharite associée). Les larmes artificielles sont nombreuses et possèdent des propriétés physico-chimiques variées selon leur viscosité, la présence de lipides ou d’agents osmoprotecteurs. En cas d’échec des traitements de première intention, on pourra proposer des bouchons lacrymaux, des anti-inflammatoires (corticoïdes en cas de crise, immunomodulateur topique). Dans les cas les plus sévères, un traitement par collyre au sérum autologue à 20 % ainsi que des verres scléraux peuvent être proposés. Un suivi régulier du patient est nécessaire.
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