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Une douleur de hanche rebelle

Posté le 07/11/2019 Par Le Dr Thierry CONROZIER

LE CAS

Monsieur F., 39 ans, consulte pour une douleur de la hanche gauche, mécanique, s’aggravant progressivement depuis 18 mois. Il décrit un dérouillage matinal bref, de moins de 5 minutes. La douleur est estimée à 3/10 dans les activités quotidiennes, mais elle augmente à 6/10 lors de la course ou de la marche prolongée. Très sportif, monsieur F. ne peut pratiquer ses sports favoris qu’en prenant des anti-inflammatoires. À l’examen, on retient une limitation douloureuse de la flexion croisée et de la rotation interne de la hanche gauche. Le reste de l’examen est normal. L’état général est parfaitement conservé. Une viscosupplémentation, réalisée sous contrôle échographique 6 mois auparavant, avec un acide hyaluronique linéaire (10 mg/mL, poids moléculaire : 1,2 MDa) associé à un corticoïde, ne l’a soulagé que pendant une quinzaine de jours. De nouvelles radiographies et une IRM de la hanche sont alors réalisées.

 

L’auteur déclare avoir des liens d’intérêts avec Labrha, Sanofi et Össur

Il s’agit d’une coxarthrose débutante (stade II de Kellgren et Lawrence ou 1 de l’OARSI), associant un pincement supérolatéral minime et une ébauche d’ostéophyte capital. Les données conjuguées de l’interrogatoire, des radiographies standard et de l’examen clinique sont suffisantes pour poser le diagnostic de coxarthrose (1). À ce stade, l’indication de viscosupplémentation (VS) est justifiée (2), les chances de succès étant élevées (3). L’échec de la précédente VS est manifestement lié à un protocole inadapté. En effet, dans les coxarthroses légères à modérées, une injection unique d’un acide hyaluronique (AH) non réticulé n’est pas plus efficace qu’une injection de placebo (4). Si le choix se porte sur un AH non réticulé, le protocole est de 3 injections, espacées d’une semaine. Comme la VS de hanche est un acte délicat, nécessitant un guidage par imagerie, un AH réticulé en mono-injection doit être préféré à des injections multiples d’un AH linéaire (5). Dans le cas de monsieur F., une IRM a été demandée pour rechercher des facteurs prédictifs de succès ou d’échec d’une nouvelle VS. En effet, il a été démontré que, en l’absence d’œdème de la tête fémorale et de l’acétabulum, et de synovite sur l’IRM, les chances d’être répondeur (amélioration > 50 % à 3 mois) à une injection d’AH réticulé dépassait les 80 %. A contrario, en cas d’œdème osseux étendu et de synovite, ces chances chutaient à environ 30 % (6).

 

Références

1. Altman R et al. Arthritis Rheum 1991;34:505-14.

2. Henrotin Y et al. Semin Arthritis Rheum 2015;45(2):140-9.

3. Eymard F et al. BMC Musculoskelet Disord 2017;18(1):3.

4. Richette P et al. Arthritis Rheum 2009;60(3):824-30.

5. Conrozier T et al. Cartilage 2018 Jun 1. doi: 10.1177/1947603518783455.

6. Deseyne N et al. Joint Bone Spine 2018;85(4):475-80.

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