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Maman, ça gratte !

Posté le 08/02/2018 Par Le M. Adrien BAUDRY

LE CAS

Nous recevons en consultation une jeune fille de 13 ans d’origine malienne, présentant une éruption prurigineuse depuis 3 semaines. Des traitements antifongiques (crème) et antibiotiques (pénicilline A) ont été essayés, sans succès. La patiente n’a pas voyagé récemment mais elle a été en contact avec un cousin venant du Mali. Il n’existe pas de prurit familial. Elle a un antécédent d’eczéma. La mère est drépanocytaire.
Cliniquement, il existe des lésions hyperkératosiques réparties sur tout le corps (membre, tronc, cuir chevelu), avec une collerette desquamative périphérique. Nous observons un érythème discret des plis axillaires et une xérose cutanée importante. Il n’y a pas d’alopécie franche. De plus, elle se plaint d’un prurit vulvaire et anal vespéral, et la mère signale avoir “vu des petits vers blancs sortir de ses organes génitaux” !

 
Figure 1. Érythème squameux du cuir chevelu.
Figure 2. Hyperkératoses nummulaires de l’abdomen.
Figure 3. Hyperkératoses nummulaires de la jambe droite.
Figure 4. Lésions squameuses inguinales et vulvaires


L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.


L’histologie montrait une hyperacanthose avec des papilles dermiques allongées renfermant des capillaires congestifs avec exocytose des polynucléaires dans l’épiderme sus-jacent (figure 5). Le prélèvement mycologique était négatif ainsi que le bilan auto-immun et la sérologie syphilitique. Le diagnostic de psoriasis commun (vulgaire) en plaques nummulaires a été retenu. L’enfant présentait de plus une discrète onycholyse psoriasique (figure 6).
Un traitement local comprenant émollients avec analogues de la vitamine D et dermocorticoïdes a été proposé pendant quelques semaines, puis un relais par un analogue de la vitamine D seul (pas d’AMM pour l’utilisation pédiatrique mais couramment prescrit pour des doses inférieures à 45 g/m2 par semaine), avec de bons résultats (figures 7 et 8).
Concernant le prurit vulvaire, il s’agissait d’une oxyurose à Enterobius vermicularis. Les femelles gravides quittent la région cæcale la nuit pour venir pondre au niveau de la marge anale. Les vers s’accrochent à la muqueuse anale en la mordant, ce qui déclenche un prurit féroce. Chez notre patiente, certaines oxyures égarées avaient déclenché une vulvite. Le traitement repose sur des benzimidazolés. En raison du cycle parasitaire, il est conseillé d’effectuer un second traitement 2 à 3 semaines après le premier pour éviter la réinfestation. Il convient de traiter aussi l’entourage (portage asymptomatique).

Figure 5. Histologie cutanée (coloration H.E, *20).
Figure 6. Onycholyse.
Figure 7. Guérison au niveau de l’abdomen.
Figure 8. Guérison au niveau du visage et du cuir chevelu.
 

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