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Dermatite chronique des mains chez un extrudeur

Posté le 03/10/2019 Par Le Pr Dominique TENNSTEDT

LE CAS

Un patient âgé de 38 ans travaille depuis plusieurs années au sein d’une usine de fabrication de bateaux (il est extrudeur spécialisé en réalisation de coques marines). Il se plaint d’une affection qui évolue depuis près de 2 ans. La dermatose est située essentiellement en zone péri-unguéale et elle est parfaitement délimitée (lésions de forme arrondie). D’autres endroits de la face dorsale des doigts sont atteints. Il utilise des gants de protection en caoutchouc synthétique et les incrimine en temps que responsables.

 

Le prurit est modéré à intense, accentué lors de son travail et vaguement amélioré par l’application de corticoïdes locaux qui lui sont systématiquement prescrits par tous les médecins qu’il a rencontré ! À plusieurs reprises, une antibiothérapie par voie générale lui est recommandée (sans effet). Durant ses vacances, l’affection semble diminuer mais récidive dès la reprise du travail. Aucun diagnostic précis n’est posé, si ce n’est celui d’eczéma chronique. Le patient semble en bonne santé, ne prend aucun médicament mais se sent déprimé en raison de la durée de son affection.

Sur le plan clinique, le diagnostic de dermatite de contact est très vraisemblable (figure 1) et confirmé par les tests épicutanés.

 

Idéalement, la réalisation d’une série de plusieurs batteries de tests épicutanés doit être envisagée. Dans le cas présent, la batterie standard peut donner dans un 1er temps une orientation très précise puisqu’un test épicutané nettement positif aux résines époxy est mis en évidence (figure 2). Le seul diagnostic différentiel à envisager serait celui d’eczéma nummulaire (figures 3 et 4).

 

L’allure très “nummulaire” et bien délimitée des lésions est à mettre en relation avec la nature même de la colle époxy qui se fixe en des endroits bien précis.

Un passage à travers les gants de travail est probable étant donné la petite taille moléculaire des monomères des résines époxydiques. D’autres tests auraient pu être envisagés : batterie des colles et plastiques, batterie des caoutchoucs, tests à l’aide de produits utilisés par le patient sur son lieu de travail. L’échec thérapeutique des corticoïdes locaux est à mettre en relation à l’absence de diagnostic et surtout à la poursuite du travail en temps qu’extrudeur (contact répétés aux résines époxydiques). L’exacerbation de la dermatose lors de son travail s’explique tout naturellement en raison de la présence ubiquitaire des résines époxydiques au sein de l’entreprise.

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