Maladies lysosomales

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Est-ce juste une gastroentérite ?

Posté le 10/11/2020 Par Le Pr Agathe ROUBERTIE

LE CAS

Angèle est hospitalisée à l’âge de 9 mois pour une gastroentérite aiguë, responsable d’une perte de poids d’environ 5 %. À l’examen, vous retrouvez des yeux cernés, l’état général est bien conservé. Il y a un débord hépatique de 3 cm, un souffle cardiaque 1/6, une hernie ombilicale. Angèle tient très bien assise, vous êtes cependant étonné d’une cyphose dorsale en station assise. Angèle est la troisième enfant d’un couple non apparenté, elle n’a pas d’antécédent périnatal notable, son développement psychomoteur est normal (tenue de tête à 3 mois, préhension des objets à 4 mois, station assise à 6 mois, quelques syllabes à 9 mois). La maman vous informe que Angèle ronfle beaucoup, elle a déjà eu 4 otites, la maman attend un rendez-vous chez l’ORL.

 

Le Pr Agathe Roubertie déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

La MPS1 est une maladie de surcharge lysosomale autosomique récessive qui se caractérise par une atteinte multisystémique et progressive. Les signes précoces sont discrets ; la constellation de petits signes impliquant divers organes doit attirer l’attention : atteinte ORL (encombrement rhinopharyngé chronique et infections ORL à répétition), organomégalie, infiltration cutanée, atteinte sensorielle (opacités cornéennes), atteinte cardiaque (valvulopathie), atteinte orthopédique (cyphose thoracolombaire, rétractions articulaires distales modérées, aspect de vertèbre en rostre sur la radio du rachis). Une avance staturale est classique pendant les 2 premières années de vie, suivie d’une cassure de la croissance staturale. Le développement psychomoteur initial peut être normal, l’atteinte neurologique se précisant après l’acquisition de la marche. La dysmorphie faciale devient typique entre 9 et 18 mois. La MPS1 est due au défaut de catabolisme et à l’accumulation tissulaire de molécules complexes : les glycosaminoglycanes. Le diagnostic est établi par le dosage des glycosaminoglycanes urinaires réalisé dans un laboratoire spécialisé. Ce diagnostic est confirmé par l’étude des activités enzymatiques et l'analyse moléculaire. Les patients atteints de cette maladie multisystémique nécessitent une orientation rapide vers un centre spécialisé de diagnostic et de suivi (Centre de compétences ou références des maladies héréditaires du métabolisme) qui coordonnera une prise en charge multidisciplinaire. Deux thérapeutiques spécifiques sont disponibles actuellement : la transplantation de cellules souches hématopoïétiques et l’enzymothérapie substitutive, qui doivent être proposées le plus tôt possible.

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